Aquaculture: Une Loi pour encadrer le secteur

L’activité sort du flou législatif dans lequel elle se trouvait
Plus de visibilité pour les investisseurs et les petits exploitants
Un mappage des côtes est en cours pour identifier les spots d’implantation idéaux

L’Aquaculture, un secteur porteur qui constitue le futur des pêche­ries et sur lequel le Maroc parie fort. Mais au niveau législatif, la culture des pois­sons, coquillages et autres algues était pratiquement inexistante. Seuls quelques textes répartis entre l’Equipement et les Pêches encadraient ce secteur balbutiant. Une situation qui prend fin avec l’entrée en service imminente de la loi 59-19 rela­tive à l’aquaculture marine.

Il s’agit d’une véritable feuille de route pour le secteur. Le texte a pour ob­jectif de définir les principes et les règles d’aménagement, de développement, d’or­ganisation et de gestion de l’aquaculture marine. Il traduit, enfin, la volonté de l’Etat de développer l’aquaculture et de la hisser au niveau d’un véritable secteur économique.

La loi permettra, en outre, de ras­surer les investisseurs en leur offrant un cadre légal et économique et en leur garantissant les débouchés et les usages des produits issus de l’aquacul­ture. C’est le cas de l’alimentation du bétail, des usages pharmacologiques ou encore du biocarburant issu des algues, des débouchés prometteurs et qui ouvrent des perspectives intéres­santes, en plus de l’utilité première qui est de fournir les marchés en protéines marines fraîches.

Le bras armé de la loi 59-19 est l’Agence nationale pour le développe­ment de l’aquaculture, ANDA. Créée en 2012, elle est en charge de l’application sur le terrain des dispositions de ce texte, en particulier, des études et de la mise en place des plans d’aménagement aqua­coles régionaux.

Ces plans constituent un véritable guide pour le développement de la filière, selon Mustapha Amzough, chef du département de l’investissement, de la promotion et des études à l’ANDA. Ins­crits dans le cadre de la loi, ils acquièrent une force légale opposable aux tiers.
Lors de leur rédaction, les plans ont compté avec la participation des élus et des associations de chaque région en plus des autorités locales et régionales afin de s’assurer le consensus de l’ensemble des acteurs, selon Amzough.

Les plans couvrent actuellement une frange de 1.700 kilomètres le long des côtes marocaines, soit la moitié du littoral marocain. Les travaux sont en cours pour l’élargir au reste. La Méditerranée a été complètement couverte de Saïdia à Mdiq avec les ré­gions de Tanger-Tétouan-Al Hoce¨ma et de l’Oriental. Les études ont été finali­sées et les espaces délimités.

Sur le littoral atlantique, les études ont couvert la région de Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun ( la région de Sidi Ifni) et Oued Eddahab. Les régions res­tant à délimiter sont celles de Casablan­ca-Settat, Safi-Marrakech et Laayoune- Sakia-Hamra qui disposent elles aussi d’importantes potentialités.

Après chaque plan, l’ANDA lance une procédure d’appel à manifestation d’intérêt pour faire connaître les poten­tialités de la région en question aux grands investisseurs nationaux et inter­nationaux tout en gardant des lots pour les jeunes entrepreneurs et les coopéra­tives de pêcheurs issus de la région.

Pour l’heure, près de 150 projets ont été sélectionnés. Ils sont dans les der­nières étapes d’autorisation. Ils com­prennent des investisseurs nationaux mais aussi français, russes, espagnols, anglais et américains.

L’engouement des étrangers pour l’aquaculture marocaine s’explique par la saturation des côtes des pays de la rive Nord, Espagne et France en particulier, et du potentiel énorme de celles du Maroc selon le responsable de l’ANDA.